Une merveilleuse manière d'accueillir un enfant, selon moi... Si l'on fait ce choix, il faut toutefois être pleinement en accord avec soi-même. Sinon, ça ne marche pas.
De plus en plus de femmes sont intéressées par l'aad, car elles recherchent "autre chose". De nos jours, on trouve des montagnes d'informations, parfois contradictoires, grâce à internet. Si j'étais une de ces femmes en recherche, qu'aurais-je pensé de l'article paru dans Elle, il y a quelques semaines? Difficile à dire. Moi je l'ai lu avec mon oeil critique de doula, et si j'ai apprécié qu'un magazine si populaire en parle, j'ai moins aimé la répétition de mots tels que "danger", "risque" etc. La peur est très mauvaise conseillère. C'est bête, je ne l'ai pas conservé, j'aurais aimé décortiquer cet article.
Mais j'ai encore sous les yeux deux courriers de lectrices qui y ont réagi. Des courriers qui m'ont fait bondir.
La première lectrice est sage-femme et souhaite rappeler qu'il existe de merveilleuses petites maternités, où les femmes peuvent bénéficier d'un accompagnement humain. Je ne met pas sa parole en doute et je suis sûre que de nombreux parents sont ravis de leur expérience dans de telles structures. Là où je ne suis plus d'accord, c'est quand elle dit que la grossesse est devenue "fashion" et que ça fait bien de mettre son bébé au monde dans son salon. Que ce phénomène est notamment dû aux petites maternités sus-mentionnées qui ferment les unes après les autres. Je ne suis pas sûre que les femmes qui ont fait le choix de l'aad, toujours mûrement réfléchi et décidé avec les tripes, qui sont dans une démarche globale de prise en main de leur vie, apprécient que leur décision soit taxée de "fashion".
Bref. Ce qui suit est plus grave. Elle nous rappelle que quand tout se passe bien, c'est merveilleux. Mais que tout peut basculer en quelques minutes, et tourner au cauchemar. Certes. Je rétorquerais qu'en maternité, fût-elle équipée en matériel high-tech (fashion, arf), tout peut basculer aussi. Le risque zéro n'existe pas, et quelque soit le lieu où l'on est, personne ne peut garantir qu'il n'y aura pas de pépin. Et être à l'hôpital ne signifie pas mettre toutes les chances de son côté niveau sécurité, les statistiques le prouvent.
Personnellement, tous les accidents dramatiques qu'on m'a rapporté ont eu lieu à l'hôpital, pas à domicile.
"Il ne faut pas oublier les immenses progrès réalisés en obstétrique", dit-elle ensuite. Voilà qui me fait embrayer sur la lettre de la deuxième lectrice. Laquelle est reconnaissante envers l'équipe médicale qui était là lors de ses deux accouchements. La première fois, une césarienne, la deuxième fois, une hémorragie. Selon elle, accoucher à domicile, c'est prendre des risques inutiles.
Et bien moi je ne suis pas d'accord, ça me déplaît que des milliers de lectrices vont lire ces quelques lignes et pour la plupart, se dire en leur for intérieur "oui c'est vrai, c'est quand même dangereux, et si il fallait une intervention médicale, et si... et si...et si...."
Et si on se penchait sur les chiffres européens? Aux Pays-Bas, 30 % des accouchements ont lieu à domicile. Oui, 30 % !! Ce n'est pas une erreur de frappe. Ce pays a les meilleurs résultats en mortalité/morbidité périnatale, infantile et maternelle. Tiens tiens.
La France, quant à elle, est le pays qui médicalise le plus l'accouchement (en terme de provocation, péridurale, forceps, césariennes etc.). C'est aussi ici qu'on trouve les plus mauvais résultats européens en mortalité/morbidité périnatale...
N'y aurait-il pas là quelques questions à se poser? Il faudrait complètement revoir la manière d'appréhender la grossesse et la naissance. Complètement et urgemment, pour que cesse enfin cette violence sournoise faite aux femmes et aux bébés dans ce moment si unique et fondamental.
Hélas, je ne crois pas que ça arrivera, et ça me rend infiniment triste. Mais je continue tout de même mon travail de fourmi. L'océan est fait d'une multitude de gouttes, n'est-ce-pas?
J'ai écrit à Elle pour faire valoir mon point de vue et donner un autre son de cloche. Ma lettre n'a pas été publiée.
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6 commentaires:
Je peux t'envoyer l'article si ça t'intéresse. J'étais mi-figue, mi-raisin en le lisant, et j'ai réagi pareil que toi au courrier des lectrices. Ce qu'a vécu mon amie l'année dernière à l'hôpital n'y est certainement pas étranger...
Merci Shalima, je veux bien l'article, oui. J'ai aussi repensé à ce qu'a vécu ton amie... Comment va-t-elle maintenant?
OK, je te l'envoie (tu peux me mailer ton adresse siteplé ?)
Ca va bien, elle en parle volontiers, mais le deuil est loin d'être fait, ça ne fait "que" 1 an...
Pour ma part,j'ai choisi d'accoucher chez moi avec une super doula, 2 sages-femmes et mon mari adoré. Je ne regrette pas mon choix, surtout que mon 1er acc s'était déroulé dans une grande mat et que l'on m'avait provoquée. Le choix de l'AAD, je l'avais mûrement réfléchi et discuté avec mon entourage mais c'était qqch de naturel et d'évident pour moi. Je ne me voyais pas accoucher ailleurs.
Tout c merveilleusement passé après une grossesse sans histoire (et c'est la condition pour un AAD).
Je travaille comme infirmière en maternité et très souvent les interventions (par manques de personnel, de moyens et de temps) des gynécos ou/et des s-femmes péjorent parfois gravement des situations qui demanderaient simplement du temps et du bon sens.
Je ne pense pas que l'AAD soit un retour en arrière mais plutôt un retour au respect de la femme et de la naissance. Le corp médical devrait ranger sa fierté dans sa poche et n'être là qu'en cas de besoin et ne pas vouloir tout contrôler à tout prix.
Comme tu parles bien Karelle... :) Un résumé parfait!
Hélas, j'ai l'impression que le débat va durer encore bien longtemps.
Tant que les femmes ne seront pas mieux informées de ce qu'est l'accouchement, physiologiquement parlant.
Tant que des femmes auront l'impression d'avoir été sauvées par la médecine, alors que justement, cette même médecine fait que le processus naturel n'est plus respecté.
Je n'ai pas lu l'article, seulement des réactions à des posts sur l'AAD sur les forums (en particulier sur auf)... et ça ressemble toujours à ce que Elle a publié dans son courrier des lectrices.
On appelle cela de la désinformation, non?
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