17 novembre 2010

Un accouchement raté

Retour sur un article de la Tribune de Genève, que vous pourrez lire

C'est une histoire triste, tragique, celle d'un être humain dont le destin a été scellé à la naissance, qui jamais ne parlera ni ne marchera. La faute à qui? Pas d'chance? Pas sûr...

Tentons de décrypter les infos données par le journal, en toute subjectivité:

"Le 5 mars à 14 h, elle entre à l’hôpital. Les médecins tentent alors de provoquer les contractions, mais l’enfant tarde à sortir"

Pourquoi entre-t-elle à l'hôpital si elle n'est pas en travail? Dépassement de terme? Si oui, vraiment justifié? Combien de bébés nés trop tôt parce que la science avait décidé que le terme était dépassé... Ou perte des eaux? Si oui, lui a-t-on laissé suffisamment de temps pour que son corps démarre de lui même le travail?

Les médecins tentent de provoquer les contractions. Par la pose d'un ovule, ou par une attaque directe à l'ocytocine?

Le bébé fini par être extrait par césarienne, en grave détresse, est réanimé, et maintenant, lourdement handicapé.

Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'une fois de plus, c'est la cascade d'interventions médicales à l'origine de ce drame, et ce ne serait hélas pas la première fois....

La provocation d'un accouchement est un acte violent, pour la mère et pour l'enfant. Le bébé est parfaitement équipé pour vivre une naissance physiologique, mais si on lui impose des contractions artificielles, bien plus puissantes et rapprochées que les contractions physiologiques, il se retrouve bien démuni devant tant de souffrance.

L'OMS a établi une classification de tous les actes liés à l'accouchement. Dans le point 6.2 "Pratiques qui sont à l'évidence nocives ou inefficaces et qu'il convient d'éliminer ", on trouve:

Administration d'oxytociques à tout moment avant l'accouchement de façon que leurs effets ne puissent être maîtrisés (3.5).

Dans le point 6.4, "Pratiques fréquemment utilisées à tort" on trouve:

Accélération par l'ocytocine (3.5).

Comment se fait-il que des pratiques reconnues comme dangereuses soient encore si banales dans la majorité des maternités dites modernes?

Banal, tellement banal. Le médecin décide de provoquer l'accouchement pour x raison (la plupart du temps, mauvaise et injustifiable, mais qui ose remettre en cause la sainte parole de la blouse blanche?). Au bébé, on ne demande rien, il n'a qu'à subir. De toute façon, tant qu'on ne le voit pas, on peut l'ignorer, voire se dire que de toute façon, il ne ressent rien (les vieilles croyances ont la vie dure).

Alors on va poser un ovule de prostaglandines sur le col. Parfois ça marche, parfois non. Si ce n'est pas le cas, on pose une perfusion d'ocytocine, hormone que le corps produit tout seul comme un grand dans les cas physiologiques, et dont le rôle est de faire que l'utérus se contracte. Ici donc, il s'agit d'hormone synthétique.

Sauf que les contractions n'ont pas du tout la même intensité quand elles sont provoquées artificiellement. Beaucoup plus rapprochées, beaucoup plus violentes, elles sont vite insupportables pour la mère qui dans la plupart des cas trouvera un réconfort efficace dans la péridurale.

"Euh, et moi?", dit le bébé, qui s'en prend plein la poire et dont en plus la co-équipière ne répond plus. Scotchée sur le dos, elle lui rend la vie encore plus difficile. Dur dur de se frayer un passage à l'horizontale, dans des tissus rendus flasques par l'anesthésie.

Alors, vaillant petit soldat, il fait de son mieux. Mais bien souvent, il abdique. C'est trop pour son petit organisme. Il veut bien avancer, progresser, faire ses rotations tout bien comme c'est inscrit dans son cerveau archaïque, mais à un moment, c'est trop pour lui. Alors son coeur ralentit, il se sent mal. Tellement mal qu'il peut expulser du méconium, première matière fécale. Dans les cas les plus graves, le liquide méconial va pénétrer dans son arbre respiratoire, pouvant causer une grave détresse respiratoire à la naissance.

Et à l'extérieur, que se passe-t-il? On commence à s'affoler devant le monitoring, vite vite, un forceps, vite vite, une césarienne. La plupart du temps, tout fini "bien". La mère se félicite d'avoir été entourée par une équipe vigilante qui a "sauvé" son bébé. Personne ne se soucie ensuite des conséquences plus sournoises qu'une arrivée aussi violente sur terre engendrera chez l'enfant. Et chez la mère. Et dans la relation entre la mère et son enfant. Ils vivent les deux, alors tout est parfait.

Tellement banal. Et parfois, rarement heureusement, ça tourne à la vraie tragédie.

Mais concernant cette histoire, finalement je n'en sais rien. Peut-être que c'était inévitable et que quoi qu'il soit arrivé, cet enfant aurait vécu ce cruel destin. Comment savoir? Cette famille est brisée et aucune somme d'argent ne pourra guérir leur souffrance.

Mais on sait maintenant clairement à quel point les interventions médicales pendant l'accouchement sont néfastes et dangereuses. D'ailleurs dans les pratiques nocives listées par l'OMS, on trouve tout ce qui se fait tous les jours sans réfléchir dans les salles d'accouchement des maternités du monde entier. Oui oui, heureusement que la médecine existe et permette de sauver les mères et les bébés qui en ont vraiment besoin, on est bien d'accord. Mais qu'elle laisse tranquille ceux qui vont bien, et qui constituent la grande majorité...

Et que les quelques médecins exceptionnels qui oeuvrent autour de cette planète pour la naissance respectée et pour la dignité des femmes fassent des petits, vite!

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