14 novembre 2010

L'île Maurice

Aaaah, l'île Maurice, un nom évocateur de mille promesses, l'île Maurice, un vieux rêve devenu réalité...

Il y a quelques années, le Montagnard et moi avions eu une discussion musclée à propos de la destination de notre voyage de noces (mais tous les couples mariés savent bien que la préparation d'un mariage est susceptible de faire surgir bon nombre de sujets d'engueulade non? ). Bref, Monsieur se voyait aux Maldives, Madame à l'île Maurice. Nous avons tranché, et ce furent les Seychelles.

Mais l'île Maurice restait dans un coin de ma tête, petit paradis que je pensais inaccessible pour un moment encore... Le printemps dernier fût pourri, succédant à un hiver long et rigoureux. Le manque de chaleur et de soleil était tel que le Montagnard a tilté quand une connaissance lui a parlé, au détour d'un café, du petit joyau de l'océan Indien. L'idée avait germé, elle a poussé, et nous avons décidé de ne pas partir durant l'été, et de nous réserver pour octobre et de s'offrir une bonne piqûre de soleil avant un autre hiver long et rigoureux . 

A commencé un long parcours semé d'embûches: trouver THE hotel, qu'il soit disponible, puis réussir à faire concorder le tout avec les vols. Un premier coup de foudre pour un lovely petit hôtel sur la côte est, plébiscité par TripAdvisor ainsi que le Routard. Pouf, un mail pour demander les dispos, pouf un mail de retour pour ok, quelques jours pour vérifier la concordance avec les vols, ça joue, re-mail pour dire ok, et ..... entre temps la disponibilité n'était plus disponible. Arg, grosse déception. 

Il faut dire que le Montagnard et moi sommes des gens exigeants (qui a dit chiants?) et pas encore millionnaires. Trouver un magnifique hôtel est très facile si on est prêt à payer 800, 1000, 1200 CHF la nuit. Comme ce n'était pas notre budget, et que par ailleurs nous n'avions aucune  envie de nous retrouver entourés de 500 moutons, fût-ce dans une bergerie de luxe, il fallu re-éplucher les guides et les sites d'avis de voyageurs. 

Au passage, mention spéciale au Routard, qui ne nous a jamais déçu avec ses bons plans hôtel, resto, visites allant du cheap au très chic, et toujours de bon goût. 

Après nombre de tergiversations et tableaux croisés (prix, lieu - côte est, ouest? etc.) nous avons enfin trouvé notre bonheur. Le Sakoa, chic, adorable et abordable hôtel à taille humaine (16 chambres), situé sur la côte la moins ventée et auprès des plus jolies plages. Fin des péripéties? Que nenni. Il faut savoir que les mauriciens vivent à la cool et n'ont pas forcément les mêmes standards d'efficacité que nous. Un coup j'avais une réponse à mon mail, un coup non. Un coup la réservation de la chambre que nous voulions, aux bonnes dates, était en ordre, et ensuite plus. Bref, on s'est arraché quelques cheveux, entre les mails sans réponses et les tentatives infructeuses pour joindre la bonne personne au téléphone. 

Puis ça a été bon. Hôtel, ok. Avion, ok. Jour de congé supplémentaire pour les enfants, ok. Je passe sous silence l'expédition à l'office des passeports de Lausanne. A côté, les mauriciens sont les rois de l'efficience.

Et enfin, le jour J, tant attendu.... 

Petites sueurs froides quand à l'enregistrement des bagages le monsieur m'a demandé d'un air suspicieux à quelle date j'avais acheté les billets (je le savais, les e-tickets ça ne marche pas, voilà, on va se retrouver plantés là et voir notre avion décoller sans nous, les larmes aux yeux, et...).

Ah non, en fait c'est bon. 

Le temps de:

- découvrir qu'il n'y a pas de distributeur d'argent une fois entrés dans l'enceinte de l'aéroport (!) et donc de repartir en sens inverse puis se retaper le contrôle de sécurité;

- se faire rafler sous notre nez les toutes dernières roupies mauriciennes du bureau de change, une fois enfin munis de cash;

- débourser une somme absoluement indécente pour 4 bouteilles d'eau;

- me livrer à une de mes occupations favorites en attendant à la porte d'embarquement, à savoir observer le genre humain;

... nous voilà enfin à bord de notre avion, nommé le "Pink pigeon" (est-ce de bonne augure?)

Le vol fût sans histoire, et passé relativement rapidement puisque de nuit. 

Et enfin, au matin, une île s'est profilée au loin.... "Terre!!" me suis-je exclamée à haute et puissante voix. Mais non, j'ai pas fait ça, quand même. 

Pendant que nous abordions notre descente vers le Sir Seewoosagur Ramgoolam Airport (santé), je découvrais curieusement et avec avidité les premiers paysages qui s'offraient à nos yeux. Premier étonnement, ils me parurent quelque peu aride pour une île tropicale. Et puis, j'ai vu un gros machin nager dans un lagon. Un requin, sans aucun doute. 

Bref, après un atterrissage un peu sportif, nous y étions, enfin. Puis l'attente, longue, à l'immigration. Nous avons récupéré l'intégralité de nos bagages, chose étonnante vu le nombre hallucinant de valises que nous avons embarquées. 

Après, il s'agissait de trouver le chauffeur de l'hôtel (car s'assurer que le transfert était en ordre fût aussi compliqué que de réserver nos vacances). Je regardais avec amusement l'étalage de panneaux avec les noms des voyageurs inscrits dessus, allant de la pancarte en bois à la plaquette en or en passant par l'affichette cartonnée. On marchait on marchait, s'approchant de la sortie, sentant le stress monter, quand enfin, tout au bout, un monsieur avec un bout de papier avec marqué dessus notre nom au stylo bille. Euh, pourquoi on a pas une plaquette en or nous? ;-) 

On embarque dans la voiture et on découvre que c'est vrai, les mauriciens roulent comme des fous. Fermer les yeux, les garder ouverts, cruel dilemne. Mais après une bonne heure de route, nous voilà rendus, sains et saufs. 

Et nous découvrons ce petit paradis qu'est le Sakoa. Ici tout n'est que douceur et raffinement. Nous aimons tout de suite notre chambre, et tout le reste dans la foulée. L'accueil, adorable de gentillesse, les cocotiers qui se balancent langoureusement sous l'effet de la brise marine, tout ce que l'on voit ici est zénifiant.

La suite des vacances est à l'avenant. On fait exactement ce pourquoi nous sommes venus: ne rien foutre. Après quelques jours, la maîtrise est parfaite. P'tit déj, plage, lunch, plage, cocktail, piscine, dîner, cocktail, dodo. Ça roule assez vite ce genre de programme.



Mais nous faisons quelques découvertes, aussi! D'abord, la plage de l'hôtel est réservée pour ses clients, mais cela n'empêche pas le passage, notamment des rabatteurs pour diverses activités touristiques: croisière dauphins, sortie en bateau à fond de verre, tour en catamaran suivi de bbq etc. etc. etc. Après un moment, on apprend à dire non tout de suite sans se taper tout le baratin, mais pas au tout début, quand l'enthousiasme est si frais, presque naïf.... N'est-ce-pas le montagnard? ;-)

D'abord il faut savoir que là-bas, vous êtes le cousin de tout le monde. "Eh salut cousin, ça te dit un tour en glass boat? Pas cher!"

Donc, premier matin sur la plage: un monsieur vient vers nous "Eh cousin, ça te dit de goûter mes huîtres? Elles sont fraîches, viennent d'être pêchées" nous annonce-t-il avec un grand sourire fort sympathique. Moi, les huîtres, j'aime pas alors c'est vite vu. Le montagnard, lui, adore ça, mais commence par refuser, puis fini par se laisser convaincre par une "dégustation, juste une ou deux". Rendez-vous est pris, il reviendra vers 12h, le gentil monsieur.

A l'heure dite, le revoilà avec son panier d'huîtres. Il en ouvre une, tchatche, en ouvre une deuxième, puis une troisième, papote de plus belle, une quatrième, et le Montagnard gobe les huîtres les unes après les autres, jusqu'à une bonne douzaine. Là, il dit stop, et le gentil monsieur en ouvre deux-trois de plus. Et enfin, la question qu'il aurait fallu poser avant: combien lui doit-on? Alors il met les coquilles en 7 petits tas, dit que c'est 500 roupies par tas, grmblgrmblgrmbl (bruit du mauricien qui calcule en marmottant) et finalement s'exclame: 4800 roupies! Là le montagnard avance que 7 x 500, ça fait 3500, aux dernières nouvelles. Ah oui ah oui. Il part chercher les sous dans la chambre, et s'adonne à une petite conversion (faut dire qu'on a pas encore l'habitude diviser par 30) et réalise que le gentil monsieur lui réclame la bagatelle de 120 CHF (90 euros) pour ces quelques huîtres! Alors, refroidi après avoir été endormi par les bavardages, le soleil, les huîtres, il redescend avec 1500 roupies, et prêt à argumenter que la somme demandée est totalement indécente. Du coup, le sourire du gentil monsieur disparaît, et il devient, comment dire, nettement moins gentil... Mais le montagnard tient bon et remporte le duel verbal.

Cette expérience, en douchant notre naïveté, aura au moins eu le mérite de nous rendre nettement plus ferme avec les collègues du monsieur. On s'est quand même laissé tenter par une sortie en glass boat + snorkeling au large, très sympa.



Expérience étonnante que de présenter un oursin (décapité par les soins de notre guide) aux poissons qui viennent s'en nourrir avec avidité. Il y en a même un qui m'a mordu! Bouh j'ai eu peur.

Et je vous présente Stabilo, joli petit oiseau compagnon de nos p'tit déj:



Le coucher de soleil, passion du Montagnard:




Nous avons visité le jardin Pamplemousse, un jardin botanique assez exceptionnel où nous avons vu différentes curiosités végétales, comme cet arbre "2 en 1":







Et des arbres géants, qui donneraient une attaque d'apoplexie aux bûcherons de notre village, qui massacrent des arbres à tour de bras dernièrement (hors sujet, ok ok)



Une chouette dîner sur la plage avec un beau feu... Il y avait ce soir là un adorable guitariste-chanteur, qui nous a fait du Cabrel et des Beatles, avant de nous demander si on savait pourquoi il y avait des noisettes dans le Ragusa ;-) . On ne savait pas, et il a donc fallu que nous allions à l'île Maurice pour l'apprendre! La vie est étonnante, parfois...



Et puis une journée en voilier, avec barbecue sur le pont et snorkeling dans un lagon bleu lagon ;-) Le montagnard qui a même appris à barrer:












Et puis, munie de mon appareil photo waterproof, je suis allée voir les fonds marins, et les requins:



Pfffpfffpff, même pas en rêve! ;-)



Et puis, le Sakoa, ça a été fini, snif... Nous reviendrons!



Nous avons fait les deux derniers jours dans un autre hôtel, histoire de nous rapprocher un poil de l'aéroport, un "exclusive lodge" de rêve, là où il faut absolument aller en couple (sinon c'est très frustrant). Pas de bord de mer ici, car il est situé dans les montagnes, plus au centre, mais une intimité hors du commun: des bungalows magnifiques dispersés dans la végétation luxuriante, des piscines privées pour certains (dont le notre, hein, tant qu'à faire):



Ici, plein de petits endroits secrets, comme le "meditation point":





Mais voilà, à peine trouvés nos nouveaux repères, il a fallu repartir, pour de bon cette fois. Impression d'être là depuis des mois, et en même temps que nous sommes arrivés la veille.

Réveil rude à 4.15, arrivée de notre taxi à 4.45 (j'avais tellement peur qu'il nous oublie, ou que, ou que.... nul besoin de faire étalage de mon imagination névrotique débordante ici).

Sur la route, on découvre des plantations de thé (jamais vu encore) et des gens qui y travaillent déjà (il est à peine passé 5h. Non je ne me plaindrais plus des réveils à 6.30, finalement, c'est juste pour aller boire tranquille mon thé dans une cuisine douillette).

Bref, tout se passe bien. Quant au vol (de jour, celui-là).... Durée: 14h25. Localisation dans l'avion: à côté (et quand je dis à côté, c'est à côté) des toilettes.

Donc la prochaine fois, prévoir:

- des boules quiès, pour ne pas entendre criiiiiiiiiiiiiiiiii-clac à chaque ouverture de la porte, puis pshhhhhhhhhhpfflpfflpffl à chaque tirage de chasse d'eau (et les toilettes sont visitées TRES souvent. Genre, tout le temps).

- un cache-yeux pour ne pas voir les innombrables paires de fesses qui viennent attendre leur tour.

- enfin, pour des raisons évidentes, un pince-nez.

Voilà, ici s'achève le récit de nos aventures mauriciennes. L'île Maurice, un vieux rêve devenu réalité, transformé en une pléiade de souvenirs chauds et colorés...

3 commentaires:

Le Montagnard a dit…

Ouf, tu n'as pas mis en ligne les photos plus olé olé ;-). En tout cas bravo pour le joli récit.
Ton Montagnard Goinfre-de-Oysters.

Sandrine a dit…

;-)

Anonyme a dit…

Votre récit est très amusant. On ne s'ennuie pas une seconde à vous lire. Je suis tout à fait d'accord sur le charme de cette île. Moi, aussi j'ai adoré les visites. Je les ai trouvé plus intéressants que tout le reste. Je me suis même renseigné à propos de l'histoire de l'île Maurice sur http://ilemaurice.com/ avant de venir, pour vous dire à quel point j'ai été fasciné par cette île. Bref, j'ai aimé l'originalité de vos photos. Bonne continuation à vous.