21 janvier 2012

Fais gaffe, tu vas t'en prendre une!

Je réagis à un article d'Isabelle Filliozat, paru dans Migros Magazine. Ou plutôt, je réagis au courrier des lecteurs qui a suivi. Je me doutais qu'il y aurait des réactions négatives, mais pas 3 contre une positive... J'aurais pu l'imaginer, en fait, tout ce qui est "autrement" dérange...

Isabelle Filliozat est une grand dame et je la remercie pour son livre "Au coeur des émotions de l'enfant", grâce auquel j'ai appris les outils pour offrir à mes enfants une éducation digne d'eux, sans violence, respectueuse de leur intégrité psychique et physique. Résultat, des enfants-rois et capricieux? Tout le contraire! A 8 et 11 ans, ils sont de petites personnes bien dans leurs baskets, ayant appris le respect des autres et d'eux-mêmes, et surtout, capables d'exprimer leurs émotions. Force m'est de constater, en regardant autour de moi, que cette dernière capacité est malheureusement bien peu répandue, autant chez les petits que chez les grands.

Rien de magique dans ce qu'Isabelle Filliozat préconise, non. Que des idées simples, et tellement efficaces. Il faut simplement un peu d'humilité, d'envie de faire de son mieux et une conscience de l'importance de ce que l'on transmet à nos enfants. Qu'apprennent-ils avec la punition? Regardons un peu le fonctionnement de notre société... La punition nous guette à chaque coin de rue. Si nous roulons trop vite ou alcoolisé, nous sommes punis d'une amende voire d'un retrait de permis. Conclusion: la vitesse et l'alcool sont les premières causes d'accident mortels et gravissimes de la route.

La plupart du temps, la punition est sans aucun rapport avec la faute. Si quelqu'un blesse gravement une personne en roulant trop vite, plutôt que de lui retirer son permis, il serait plus judicieux de l'envoyer passer quelques nuits aux urgences pour voir arriver les victimes de la route. Cela fait du sens. La conséquence d'un acte doit être logique, et encore plus chez l'enfant, qui a besoin de mettre du sens sur ce qui l'entoure. Sinon, comment faire confiance à la bonne marche de l'univers?

Un petit enfant est puni parce qu'il a, mettons, tiré les cheveux de sa soeur. On l'envoie dans sa chambre "se calmer" pendant une heure. Pour lui, cela ne fait aucun sens. Mais c'est sa maman qui l'a dit, et il est obligé de faire confiance à sa maman. Archaïquement, sa survie en dépend. Et puis ces épisode se répètent, et il grandit avec une vision biaisée des relations.

Comment peut-on raisonnablement qu'une éducation "autoritaire" est garante de l'harmonie entre les êtres? Imaginez, vous êtes invités chez des amis. Malencontreusement, vous laissez tomber un verre par terre. Votre ami vous tombe à bras raccourcis dessus, crie, vous tape sur la main, peut-être, et vous annonce que vous n'aurez pas droit au dessert.

Comment se sent-on dans une situation pareille? Choqué, d'abord. Humilié, en colère, triste... Et bien c'est pareil pour un enfant. Ce n'est pas parce qu'il est petit, dépendant et donc impuissant que l'on peut tout se permettre. Cela s'appelle l'abus de pouvoir. Il mérite autant que n'importe quel adulte le respect de sa dignité. Porter atteinte à son intégrité, que cela soit avec des coups, des cris ou des paroles humiliantes, c'est de la violence, et toute violence est inacceptable, car elle ne peut qu'engendrer qu'une seule chose: la violence.

Alors oui, éduquons nos enfants autrement, avec juste de l'amour, de l'écoute, de l'empathie, du respect. Et ayons l'humilité d'apprendre d'eux! Cela suffit amplement et seulement alors, nous pourrons espérer voir notre société devenir plus harmonieuse, à tous les niveaux.

Merci Isabelle Filliozat!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Sandrine pour ce blog. Moi aussi je remercie Isabelle Filliozat du fond de mon coeur. Elle m'a permis de mieux comprendre les emotions de nos enfant, de les respecter et les aimer comme ils méritent.

Ce qui me rend le plus triste c'est de voir les parents frapper leurs enfants, ces enfants qui - pour eux - les parents sont "tout". Que ces parents là se cachent derrière des théories que l'autorité est nécessaire montre à quel point ils ont besoin de travailler sur eux-même. Ces parents là doivent essayer de comprendre pourquoi ils sortent leurs émotions de frustration et colère sur des enfant qui ne peuvent pas se défendre.

Sandrine a dit…

Bien dit! Mais on est tellement mieux la tête cachée dans le sable... ;-)

comment grossir a dit…

Dur de faire face sans se voiler la face !