La Migros nous prend pour des idiots

Ah la Migros, figure emblématique de la Suisse... La Migros a un côté un peu doudou, rassurant. On aime y aller, on y a ses produits préférés, ses souvenirs d'enfance...

(pour les non-suisses, il s'agit d'une chaîne de supermarchés, probablement la plus populaire de Suisse, qui se distingue des autres en ne vendant pas d'alcool et qui, il faut bien le dire, a une image un peu cheap).

Depuis quelques années, la Migros nous abreuve de bidules-mania en tout genres. Ça a commencé avec la Stickermania.



A la caisse, chaque client recevait des paquets de 5 autocollants d'animaux, 1 paquet par tranche de 20 CHF d'achat. Ensuite, il fallait acheter l'album dans lequel coller lesdits autocollants. Inutile de préciser que c'est à l'intention des enfants, qui raffolent de voir leur maman rentrer des courses avec à chaque fois un nouveau jeu de paquets.

Là, nous venons enfin d'émerger de l'Oceanmania. Sauf que cette fois il s'agissait d'animaux marins (sans blague?). Idem, achat de l'album ( 5 CHF, dont 1 CHF reversé généreusement par Migros au WWF - mais où vont les 4 CHF restant?)

Mais il y a eu aussi la Billes-mania, la Domino-mania... Et ça dure à chaque fois quelques semaines. Moi, ça me saoule.

Bref. Voilà que Migros a sorti un nouveau truc idiot de son chapeau magique: une loterie, appelée romantiquement "Le temps des réjouissances" (et qui, soit dit en passant, est illégale, car il faut payer pour y participer). Mais même si vous ne demandez rien à personne, on vous refile quelques billets à la caisse.

Là, trois options, à découvrir non pas en grattant, mais en soulevant un autocollant (décidemment, ils ont des stocks de colle à écouler):

- un petit smiley content et c'est gagné, youpiiiie! Vous avez droit à une réduction de 3 à 10% sur un achat unique. Mais pour avoir les 10%, il faut dépenser au moins 100 CHF. Ben oui. Et de toute façon, ce billet là n'existe pas, c'est probablement juste pour faire croire, que, peut-être, la chance pourrait vous sourire.

- un petit smiley moyennement content. "Pas mal", c'est écrit. Vous avez droit à un biscuit de Noël en forme d'étoile, à retirer auprès de la caisse. Elle est pas belle la vie?

- un petit smiley qui tire la gueule. "Dommage". Ben oui, c'est trop bête. Ni réduction, ni même un pauvre biscuit pour vous consoler. Revenez dépenser de l'argent pour tenter votre chance, encore et encore.



Oui, la Migros nous prend pour des idiots. L'autre jour, il y avait une dame devant moi, qui une fois ses achats effectués, s'est empressée d'ouvrir ses billets de loterie. Et là, ô joie, elle avait droit à un biscuit, yes! Toute frétillante, elle l'a donc tendu à la caissière qui lui a donné sa friandise. Brave da-dame, allez attrape. Contente comme tout, elle s'est éloignée au volant de son chariot, mâchonnant gaiement son étoile à la cannelle.

Il n'en faut pas beaucoup pour rendre les clients heureux, se dit la Migros. Elle a raison, en fait.

Vous me direz, qu'est-ce que ça peut bien me faire? Je n'ai qu'à pas. Mais c'est sans compter la pression des enfants. Déjà que je suis une ayatollah du bio et des jus de légumes, si en plus je les abreuvais pompeusement de mes théories anti-consuméristes sur la Migros, j'exploserais mon quota de points Mère Indigne (mania).

Donc je me plie. Mais ça ne m'empêche pas de déplorer l'incohérence des dirigeants de ce magasin. En effet, la plupart des ménages de Suisse reçoivent chaque semaine le journal de la Migros. Soit dit en passant, on y trouve parfois quelques articles intéressants. Beaucoup de pub, aussi. Et quelques auto-lancers de fleurs. C'est là que ça grince chez moi.

"Migros s'engage", "Migros réduit ses dépenses CO2", Migros ceci, Migros cela...

Mais en même temps, Migros génère des quantité de déchets totalement inutiles avec ses dizaines de milliers de stickers, de dominos en plastique, de billes en je ne sais pas quoi, de billets de loterie. Et cela vient en sus des asperges du Mexique, des pommes de Nouvelle-Zélande et des haricots du Kenya...

Migros s'engage, oui. A faire un maximum de profit.