08 mars 2011

Vous reprendrez bien un nano pour la route?

Je ne résiste pas à ce 3ème billet sur la Migros. Encoooooooore? Oui, mais c'est le dernier, promis, et après je passe à des sujets plus constructifs.

Je n'y résiste pas, car je vais vous conter une scène incroyable.



Le nanos donc. Je ne réexplique pas le concept, je crois qu'on a bien compris. Maintenant que les enfants ont tous plus ou moins la collection au complet (et si ce n'était pas le cas, les échanges font rage dans les cours d'école), il s'agit de continuer à exploiter le filon. Pour parachever l'histoire, il s'agit de posséder les SuperNanos, ainsi que la fusée Nano.

Mais attention, on ne peut avoir ces jokers, l'un après l'autre (il y en a 4), que durant une seule journée! Devinez quel jour de la semaine? Le mercredi, bingo. Le porte-parole de la Migros assure que ce jour a été choisi complètement au hasard (et moi je m'appelle Gertrude, au fait).

Des dates ont été fixées pour chacun des 4 jokers. Là où le gag commence, c'est qu'il faut dépenser au minimum 60 CHF pour obtenir le précieux trésor (bout de plastique sortie d'une usine chinoise et dont le coût de production doit s'élever à tout casser à 0,1 centime).

Un de ces fameux mercredis (car hélas, question d'organisation, c'est ce jour là que je fais mes courses), je me retrouvais donc à l'accueil du magasin pour y poser une question d'ailleurs sans rapport avec les nanos. C'est ainsi que j'ai découvert qu'il fallait se rendre à cet endroit, muni de son ticket de caisse, pour récupérer le bidule en question.

Et là, il y avait une grosse dame furieuse. Avait-elle croqué un caillou venant d'une boîte de lentille? Mangé un yaourt censément bon et pourtant avarié? Trouvé un ver dans sa barquette de poisson frais? Que nenni! La dame était venue EXPRES faire ses courses ce jour-là, avait EXPRES dépensé 170 CHF, dans le but d'obtenir DEUX nanos jokers, et voilà qu'on le lui refusait... "Un supernano par personne, madame, on partage entre tout le monde".

Et la dame de tempêter, jurer, vociférer, déversant sa colère sur l'employé qui n'en pouvait rien et qui certainement lui aurait bien enfilé 2-3 nanos dans la bouche pour la faire taire. "Mais vous ne vous rendez pas compte, les histoires que ça fait dans les familles après, et patati, c'est dégueulasse, et patata".....

Moi j'étais sciée. Partagée entre le fou rire et l'envie de pleurer. C'est ça l'humanité?

La discussion que j'ai eu avec la caissière à la fin n'a fait que renforcer mon désespoir: elle m'a raconté que c'était un jour de folie, bien pire que le samedi, que les gens s'étaient rués des 8.30 le matin, tant et si bien qu'en fin de matinée, il n'y en avait plus. Tout ça pour UN BOUT DE PLASTIQUE! Au secours!

Entre parenthèses, le calcul a été fait: il faut au total dépenser plus de 1100 CHF pour avoir l'integralité du jeu. La Fédération Romande des Consommateurs est d'ailleurs scandalisée par ce procédé abusif et de l'utilisation des enfants pour manipuler les parents.

Et moi dans tout ça? Je continue à faire mes achats là-bas, car malgré tout cela reste un supermarché moins cher que ses concurrents. Y'a-t-il des nanos chez moi? Je dois répondre avec horreur que oui. Car j'ai un petit bonhomme de bientôt 8 ans qui se fout royalement de mes principes éthiques et écologiques et dont j'aime voir briller les yeux. Surtout qu'il vient avec moi au magasin, et que je me vois mal dire "non" à la caissière quand elle lui tend les nanos avec un grand sourire (euh, manipulation on disait?)

J'ai choisi de faire des concessions et de lâcher prise sur ce coup là (d'autres en valent plus la peine bien sûr) mais je reste très perplexe sur l'avenir d'une société constituée d'un grand nombre de personnes capables de mettre tant d'énergie pour une chose aussi futile et vide de sens.

Qu'enseigne-t-on à nos enfants par des actions comme ça? Acheter, pour posséder, pour être heureux. Futurs moutons dressés à consommer, toujours plus.

Même si j'ai mes faiblesses, j'ose espérer que mes enfants arriveront à l'âge adulte avec la capacité à trouver leur joie et leur équilibre sans passer par la case "faire comme tout le monde", point de salut sans 4x4, iPhone et autres Nespresso. En cela, l'école n'aide pas, avec son système où chaque enfant doit coller à une norme très stricte, rentrer la tête et plier tout son corps pour rentrer dans les petites cases, sous peine d'être rapidement exclu...

Mais c'est un autre (et vaste!) sujet, à développer une autre fois peut-être!

1 commentaire:

MadameNi a dit…

J'avoue que je suis supra fière de mes enfants qui n'en ont quasiment rien à cirer des nanos!
Et au passage, je ne félicite pas les caissières qui tendaient les nanos directement à TiNiTree, alors qu'il n'a même pas l'âge minimum recommandé.

Franchement, je ne comprends pas que la Migros ait lancé une opération aussi scandaleuse.