15 octobre 2011

Lassitude

Depuis quelques années, je milite pour une naissance plus humaine, respectueuse des besoins des femmes et des bébés. D'abord doula, puis praticienne hypnonatal, puis présidente de l'association Co-Naître.

Mais depuis quelques temps, j'ai un peu perdu la flamme et mes activités sont en train de se réduire au profit de la nouvelle voie que j'ai choisie. Je n'excerce plus comme doula et j'écris moins, mais je pratique toujours avec plaisir l'hypnonatal, qui est un outil merveilleux pour que les femmes puissent (re) trouver la confiance en leurs capacités propres et arriver à l'accouchement avec la certitude qu'elles vont y arriver.

Je passe environ 6h réparties sur cette préparation avec elles, durant lesquelles elles font un joli chemin. Je le fais parce que j'y crois, et parce que la plupart du temps elles accouchent comme des fleurs, me confortant dans la croyance qu'avec une bonne préparation, toutes les femmes peuvent vivre la naissance de leur enfant comme elles le souhaitent, sans peur et en douceur.

Mais parfois j'ai vraiment les boules. Quand tout ce beau travail est réduit à néant par une phrase, une seule, d'un demi-dieu en blouse blanche (vous savez, les médecins, ceux qui savent tout mieux que vous).

Cas concret: je viens de terminer le suivi d'une jeune femme qui attend son premier bébé. Son souhait est d'accoucher naturellement, sans toutefois fermer la porte aux actes médicalisés si besoin. Elle ira en maternité car ne se sent pas suffisement en confiance pour tenter la maison de naissance. J'ai vraiment vu une évolution chez elle de la première à la dernière séance (sur une période d'environ 6-7 semaines). Son envie de mettre son bébé au monde sans artifices est passée du mental au tripes (étape essentielle). Les enjeux d'une naissance physiologique lui sont clairement apparus.

Mais... Au dernier contrôle chez sa gynéco, cette dernière a prononcé la fameuse phrase...

"Gros bébé... grosse tête... faut mesurer le bassin... "

Et paf! Prends-toi ce constat d'incompétence en pleine poire ma petite dame! Pas foutue de faire un bébé correct. Et prends avec toi cette phrase, désormais gravée dans ta tête, le jour J. Bébé trop gros, bébé trop gros...

Là j'ai envie envie de citer Naoli Vinaver, merveilleuse, lumineuse sage-femme mexicaine. Si seulement toutes les femmes pouvaient accoucher avec elle, le taux de césarienne chuterait en-dessous de 5%.

Bref, j'ai eu le plaisir d'assister à une conférence d'elle, durant laquelle elle a dit: "Comment peut-on imaginer deux secondes que le corps d'une femme pourrait fabriquer un bébé qu'elle sera ensuite incapable de mettre au monde?". Et cela vient d'une femme qui, dans son pays, a assisté à nombre d'accouchements de très jeunes filles (12-13 ans), sans problèmes particuliers. Quand on est bien accompagnée, tout est possible. Même l'impossible.

Evidemment, il faut préciser que si la femme a réellement un bassin étroit (et le mesurer avec des appareils fussent-ils à la pointe du progrès ne laisse en rien présager de sa mobilité le jour J) et si le bébé est réellement gros (combien de bébés estimés à plus de 4 kg, provoqués, césarisés en prévision de l'incapacité de la mère faisaient 3.2 ou 3.5 kg?), alors il est sûr que si la femme est clouée sur le dos et sous péridurale, elle va avoir bien du mal à le sortir (et le bébé vivre un véritable calvaire - mais ça on s'en fout, tant qu'on ne le voit pas il ne ressent rien n'est-ce-pas?).

Voilà un exemple de plus des dégâts que les médecins crééent, même involontairement. Hélas, il y en a à la pelle de ces exemples. Quand même, c'est malheureusement très courant le "bébé trop gros à 38 SA, il faut provoquer car il ne passera pas". Provocation qui se termine bien souvent en césarienne.

Pour en revenir à ma cliente, au final je ne sais pas ce qu'il se passera pour elle. Je lui ai parlé de tout ce que je dis ci-dessus, et il faut aussi compter avec sa détermination (aussi essentielle que la compréhension profonde des enjeux de la physiologie). En tout cas, elle refusera la provocation. Je lui souhaite de ne pas se laisser contaminer par la peur et de rester connectée à ses ressources, à la confiance qu'elle a en elle et en son bébé.

Pour l'anecdote, une autre cliente a accouché de son bébé il y a quelques mois: premier bébé, femme très menue, 4.4 kg, 3h pour le mettre au monde. Et toc!

A suivre....

PS depuis que j'ai écrit le brouillon de ce billet, j'ai eu des nouvelles d'une autre cliente, qui a commencé sa préparation un peu tardivement mais qui cherchait quelque chose pour apaiser ses nombreuses angoisses liées à son premier accouchement, une provocation qui s'est très mal passée. Par dessus tout, elle souhaitait éviter une nouvelle provocation, et avait donc très peur de dépasser le terme, mais sa gynéco lui avait déjà parlé de gros bébé.

A J+3, Blouse Blanche lui a dit que son bébé faisait déjà 3.7 kg et qu'il fallait provoquer (des fois qu'il prendrait 2 kg supplémentaires en une semaine). Ce fût donc chose faite, mais contrairement à la première fois, tout s'est extrêmement bien passé et son bébé est né en 3h. La maman était donc absolument ravie de cette naissance qui s'est finalement déroulée en douceur (hypnonatal poweeeeeeeeeer :-) )

Et le bébé? Bah, il faisait 3.1 kg...

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